Primare est une marque atypique dans le paysage audiophile. Si la marque renouvelle très peu ses gammes, c'est que les dirigeants ont toujours axé leur recherche et développement sur l’excellence. Ce sont des perfectionnistes qui n'hésitent pas à repousser la sortie d'un appareil, si ce dernier ne leur apparaît pas scrupuleusement parfait. Par exemple, la sortie de la gamme Prisma, à été repoussée d'une année afin qu'elle soit simplement parfaite dès sa mise sur le marché !
Le lecteur réseau Primare SC15 vient compléter la gamme de lecteurs audio réseau du constructeur suédois. En effet, si le NP5 permet de se coupler à tout amplificateur pour apporter les bienfaits d'une passerelle réseau, il ne joue pas dans la même catégorie que le SC15 Prisma. Visuellement le lecteur reprend les codes de la marque, avec une face avant dépouillée à l'extrême, une façade en aluminium épaisse et une qualité d'assemblage incroyable. Afin d'être raccord avec une esthétique ultra sobre, le SC15 Prima embarque un petit afficheur qui aurait peut-être mérité un peu plus de place afin d'améliorer sa lisibilité. Même si lors de l'utilisation, c'est essentiellement via l'application que notre regard se tournera. La marque propose deux coloris : NOIR ou TITANE permettant d'harmoniser le lecteur avec vos appareils actuels.
Primare Prisma :
Pour rappel, la dénomination PRISMA chez Primare est apposée aux produits connectés, offrant des possibilités de streaming. L'application propriétaire Prisma assure la configuration des produits connectés, et regroupe aussi la gestion musicale. On retrouve donc les radios internet, vos services de lecture musicale comme Spotify, deezer, Qobuz...et la musique présente sur votre smartphone par exemple ou votre réseau domestique. Il est même possible de contrôler le contenu d'une clé USB connectée à l'arrière du lecteur.
Mais le SC15 Prisma est également compatible avec un grand nombre de technologies et services musicaux. Nous pouvons déjà citer l'AirPlay 2, le Bluetooth, Chromecast, Spotify Connect... Tout en sachant que si Roon est déjà disponible sur le lecteur NP5, le SC15 Prima en bénéficiera très prochainement.
Une connectique complète :
Au centre de l'appareil, les entrées numériques apparaissent les plus nombreuses, et regroupent 3 optiques, 1 coaxiale et une mini toslink. Toutes ces entrées sont compatibles 192KHz et si cela ne suffisait pas, l'entrée USB-B est même compatible avec les fichiers 384KHz 24 bits et DSD ! Une sortie numérique coaxiale laisse transiter le signal afin de rediriger le flux numérique vers un convertisseur externe.
C'est également au centre que nous retrouvons les deux antennes Wifi et le port Ethernet.
A droite du SC15 Prisma prennent place les entrées et sorties trigger, le module Bluetooth et l'embase secteur permettant de changer le cordon pour un modèle plus audiophile. Une entrée RCA prend place à l'extrême gauche, juste à côté de la sortie analogique. Cette sortie assure de pouvoir coupler le Primare SC15 à n'importe quel autre amplificateur intégré mais également à un bloc de puissance externe ou encore à des enceintes actives.
Premier point positif pour entamer la configuration c'est la présence du port Ethernet précédemment cité. Celui-ci ravira les allergiques aux réseaux sans fil. Pour les autres, le Wifi est bien sûr présent.
Attention, lors de la configuration initiale en Wifi vous devez commencer par utiliser l'application Google Home afin de faire apparaître le Primare sur votre réseau local et le détecter par l'application Prisma. Câblé via Ethernet est encore plus simple, car l'application Prisma de Primare trouve automatiquement le SC15.
Je vous conseille d'utiliser dès le début l'application PRISMA (iOS et Android) pour découvrir, configurer et gérer le PRIMARE SC-15 Prisma. Après avoir téléchargé l'application et configuré le réseau, il vous reste à définir vos services musicaux et le chemin d'accès à votre ordinateur ou NAS le cas échéant, et c'est tout.
L'application permet offre quelques réglages appréciables, comme de limiter le volume maximal, afin d’éviter d’endommager son matériel, jouer sur la luminosité de l'écran avant, etc. La sortie RCA peut être configurée en sortie ligne ou pré, selon que vous désirez utiliser le SC-15 comme lecteur et ou préamplificateur. Toujours dans les options de l'application vous pourrez activer l'affichage des titres streamés sur le petit afficheur central du lecteur réseau.
Wisa :
Peu connue du grand public, la norme Wisa a été développée pour transmettre et recevoir de l'audio haute définition. Contrairement au Wifi et Bluetooth, la norme a été pensée pour transmettre du son sans faire de compromis sur la compression.
Elle est capable, par exemple, de déployer des installations multicanal, jusqu'à huit canaux avec audio HD, en 24 bits 48/96 kHz non compressé sur un réseau Wi-Fi dédié qu'elle crée. Dans le cadre de notre test nous resterons sur une configuration stéréo.
De plus en plus de marques rejoignent Wisa. C'est bien entendu le cas de Primare, mais également d'une marque d'enceinte que nous affectionnons particulièrement : System Audio. Ce constructeur d'Europe du Nord lui aussi (Danemark) propose l'ensemble de gamme Legend, en version active et Wisa.
Pour ce test, nous allons donc tenter de cerner les différences entre plusieurs configurations. Les Legend 5.2 Silverback Wireless, donc avec le petit Hub d'origine. Les Legend 5.2 Silverback couplé au Primare SC15 Prisma via le Wisa. Et enfin le SC15 Prisma associé à une paire d'enceinte Legend 5.2 Silverback via des câbles XLR.
System Audio Legend 5.2 Silverback Wireless :
C'est donc parti pour l'ensemble que nous connaissons le mieux : Legend 5.2 Silverback Wireless.
J'ai démarré les sessions d'écoute avec le duo malien : Ali Farka Touré et Toumani Diabaté. Le disque se nommant tout simplement Ali et Toumani.
Les Legend 5.2 Silverback retranscrivent bien l'ambiance se dégageant de ces sessions et laisse une impression à la fois reposante, dynamique, planante entraînant un voyage de soi particulièrement plaisant.
Il se dégage également une certaine mélancolie. Sans doute dû au fait que Touré était rongé par la maladie. Vraisemblablement il était conscient d'enregistrer son testament musical. De même le bassiste cubain et pilier du Buena Vista Social Club, Orlando « Cachaito » López participe ici à son dernier enregistrement.
Sur l'ouverture "Ruby", le jeu de guitare de Touré est d'une souplesse incroyable, enveloppant les pincements hypnotiques et d'une incroyable fluidité du Kora de Diabaté. Les notes se prolongent en étant finement recouvertes par le jeu du second protagoniste. La dynamique sur les cordes de la guitare et de la Kora est incroyable. On sent bien, ici, que la Legend 5.2 Silverback à du répondant, tout en sachant conserver un aplomb incroyable. Le haut du spectre reste parfaitement en harmonie. L'enregistrement est réalisé de très près, donc le résultat est hyper détaillé.
Il se dégage de l'écoute une proximité avec les musiciens incroyable. Ils semblent devant nous, prenant plaisir à communiquer musicalement. Les enceintes nous offrent une parfaite scène sonore.
Pour la seconde écoute on change d'ambiance, même si l'on reste dans le blues, c'est ici bien plus âpre. Buddy Guy & Junior Wells : Last Time Around.
L'album réunit ces deux légendes du blues ayant commencé leur association dans les années 1950. L'album a été enregistré en public en mars 1993 au club Legend's appartenant à Buddy Guy.
En soi, cet enregistrement ne représente pas un piège. L'album est entièrement acoustique. Buddy Guy à la guitare acoustique et au chant, Junior Wells maniant l'harmonica et mêlant sa voix à celle de son compère. Mais le plus important était de savoir si les Legend 5.2 parviendraient à nous emporter dans ce lieu mythique.
Autant ne pas tourner autour du pot. La réponse est oui. Oui les enceintes retranscrivent bien l'ambiance dépouillée de l'enregistrement. On est bien transporté dans une petite salle, cela ne fait aucun doute. De même, il ressort de la session d'écoute que les deux musiciens avaient clairement une réelle alchimie. En fait, j'avais démarré un morceau et je me suis surpris à poursuivre l'écoute au-delà, tant le plaisir de jouer ensemble des deux légendes se transmettait littéralement au travers des System Audio. Les enceintes possèdent donc bien la capacité de faire vibrer l'auditeur et de le transporter sur le lieu d'enregistrement.
Quatrième morceau de l'album 'The Dark Side of The Moon', sorti en 1973, "Time" fut un must des démonstrations audiophiles il y a fort longtemps. Les enceintes se doivent de détacher parfaitement chaque son les uns des autres lors de l’introduction qui monte crescendo, en les faisant virevolter dans l'espace autour des enceintes, jusqu'à l'explosion finale. Ici deux solutions, soit vous sautez sur le bouton de volume pour baisser car les aigus deviennent strident, soit les tweeters savent conserver leur sang froid et permettent de laisser passer ce jaillissement de son aigus, et de revenir progressivement sur les tic-tac qui précèdent la descente dans les basses. Les Legend 5.2 Silverback appartiennent bien à la seconde solution.
La basse puis la batterie démarrent et prennent le relais, et ici aussi les Legend 5.2 Silverback Wireless assurent parfaitement. Elles déploient beaucoup d'énergie dans le bas du spectre, tout en n'affolant pas le haut parleur médium grave qui garde le contrôle. Je pense que le fait que les enceintes sonnent plus grandes qu'elles ne le sont en réalité participe à la compréhension et l'écoute du morceau. C'est en effet très complexe pour un petit haut parleur, d'encaisser beaucoup d'énergie sans distordre et plonger l'auditeur dans une restitution désagréable. Pour cela les System Audio sortent vraiment du lot. Bien sûr elles n'ont pas vocation à remplacer un 30 cm, mais quelle maîtrise quand même !!!
L'épique solo, la voix lente de David Gilmour, mélangé au refrain, nous emporte ensuite et les enceintes continuent de nous interroger sur leur taille. Alors, oui, leur petit gabarit est capable de remplir de beaux volumes.
Les tous premiers morceaux font apparaître deux choses que l'on retrouvera tout au long des tests. D'une part les enceintes semblent avoir un son plus volumineux que ne le laisse penser leur taille et sont d'un naturel exquis. Pas de chaleur excessive ici. Pour autant, System Audio passent haut la main l'écueil de présenter des enceintes reproduisant un son clinique. Non, les Legend 5.2 Silverback respectent simplement le message enregistré, sans rien retirer ou ajouter. Ces caractéristiques permettent d'enchainer les écoutes et de passer tous les genres musicaux avec facilité. C'est une grande qualité, même si au moment de les décrire, je ne peux mettre en avant une partie précise du spectre sonore. C'est la cohérence et la fusion des registres sonores qui font la force des Legend 5.2 Silverback Wireless.
System Audio Legend 5.2 Silverback et Primare SC15 Prisma :
C'est maintenant au tour du Primare SC15 Prisma de prendre la place du Stéréo Hub de System Audio. Je lance la détection WISA sur les enceintes et tout de suite après j'appuie sur le discret bouton "SPS" derrière le SC15 et en quelques secondes la synchronisation est faite entre les éléments. Un premier bon point pour cette facilité de mise en œuvre.
En reprenant les mêmes morceaux (et quelques autres aussi), on ressent rapidement que l'insertion du Primare SC15 en lieu et place du Stéréo Hub est bénéfique. Bien entendu le diable se cache dans les détails. Mais c'est justement tous ses détails supplémentaires qui permettent d'accéder à un niveau de musicalité supérieur.
La scène sonore gagne en profondeur. Suffisamment pour mieux appréhender et s'immerger dans l'image qui se déploie devant nous. Instrument et musiciens semble encore plus réels.
J'ai été surpris de relever plus facilement certains détails. La définition est montée d'un cran, grâce au SC15.. C'est d'autant mieux réalisé que je ne peux pas parler de mise en avant, mais d'une meilleure intégration sur toute la bande sonore. De même l'énergie semble plus importante. La dynamique assure de profiter d'une rythmique endiablée.
Sur l'album Ali et Toumani, avec l'insertion du Primare SC15, j'ai assez vite perçu un gain de rapidité et de franchise des pincements sur les cordes. L'extinction des notes est également plus longue. Je suis également un peu plus près des musiciens, mais c'est surtout la précision du jeu que je ressens encore mieux. De même les petits captés durant l'enregistrement, s'entendent ici plus nettement.
L'ambiance de la salle est mieux restituée. Là où précédemment je ressentais bien le volume de la salle, je metrouve à présent assis à une table. Les musiciens et leurs instruments sont plus proches de moi. Là, je savoure littéralement. La dynamique est également montée d'un cran.
Même si j'ai été dithyrambique sur l'apport du Primare SC15 Prisma dans les morceaux précédents, c'est je pense ici qu'il se fait le plus ressentir. En effet, la complexité du morceau, notamment sur les aigus, offre au SC15 un terrain de jeu ou il apporte toute sa maîtrise. La sérénité d'écoute est bien meilleure, les passages stridents passent haut la main.
Pour conclure, là encore la neutralité du système, Primare ayant une philosophie très proche de System Audio, ne me pousse pas à détailler chaque partie du spectre mais la cohérence entre les registres ou encore la tenue des notes basses est bien meilleure grâce au Primare. C'est à mon sens un upgrade très intéressant pour l'audiophile qui désire emmener les Legend 5.2 Silverback dans ces retranchements.
Ce qui ne trompe pas, au final, plusieurs collègues ont profité du système Primare SC15 et Legend 5.2 Silverback pendant plusieurs heures après le test et ré-écouté au fil des jours bien des morceaux.
La stabilité et la facilité de mise en œuvre du du lecteur Primare SC15 est également un gros point fort. Durant les longues heures d'écoute faites depuis un smartphone en wifi où les enceintes sont restées couplé au SC15, je n'ai constaté aucune micro coupure, dans notre environnement particulier. Particulier, car une trentaine de produits sont déployés en Wifi dans le showroom. L'intégration du Wisa et du Wifi à été remarquablement bien pensé par Primare.